dimanche 30 novembre 2014
Manifeste d'auto-dissolution
J’ai décidé, après une longue période de réflexion, d’arrêter ce blog .
Les pochoirs continueront, la passion aussi.
Les raisons sont multiples.
Je pourrais parler du manque de temps, du manque de motivation à animer cet espace virtuel, et, plus globalement, de la nostalgie d’une autre époque.
Voilà bientôt 15 ans que les premières inscriptions « Zona Yarost » sont nées sur des murs. Au fil du temps, mes réalisations ont évolué. L’arrivée d’internet également bouleversé l’environnement dans lequel nous évoluons. Le web est devenu une sorte de vitrine supplémentaire pour ce que l’on peut appeler au sens large le street art. Derrière cette appellation, on désigne aussi désormais une pratique artistique reconnue du public, mais aussi des galeries, des marchands d’art. Le capitalisme a cette faculté à digérer même ce que sa police réprime dans une terrible ironie.
Je me suis moi aussi laissé aller à ce « jeu » : expositions, publication de photos, etc. Il est clair que le « retour » que l’on a d’un « public » font parfois chaud au cœur et flattent l’égo, et je n’échappe pas à la règle. Il ne faut pas le nier : avoir un retour positif, des encouragements, bien sûr que cela fait plaisir, et il serait malhonnête de ma part de le nier.
Mais oui, je suis nostalgique de cette époque où on laissait les murs se faire les seuls vecteurs de notre passage, sans savoir ce qu’en pensaient les passants et habitants. Comme une bouteille jetée à la mer, en somme.
Je constate un peu partout que finalement, pour « exister » dans ce « milieu », certains développent à la façon d’une entreprise des supports multiples et de véritables opération de communication qui s’apparentent de plus en plus à du marketing. Avec le risque, de plus, de se faire serrer par les autorités compétentes qui, elles, ne désarment pas. Je constate que cette auto-médiatisation, et les retours qui en sont attendus, influent de façon consciente ou non sur la création.
On me rétorquera que les photos, les publications internet laissent des traces, comme autant d’archives consultables par tous et partout. Soit. Je laisse le soin aux photographes passionnés de faire ce travail d’archivage, de compilation. Cela n’entre ni dans mes envies, ni dans ce que je sais faire. Libre à eux, comme n’importe quel passant, de se saisir ou non de ce que je laisse sur les murs.
Utopie ou nostalgie me donnent envie de retourner aux bases et de me consacrer à ce que j’aime faire, sans rien attendre en retour, sans chercher à provoquer des rencontres. Celles-ci se feront ou pas. Conservons encore un peu de ces hasards de la vie. Conservons ce mystère des réalisations nocturnes longuement préparées à coups de scalpels. Conservons cette dimension sauvage et libre. Conservons le désintéressement et la passion.
Zona Yarost
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